Les enfants : des covictimes du contrôle coercitif
Le contrôle coercitif a des conséquences sur toute la famille.
L’enfant est exposé sans arrêt aux comportements du parent violent. Il est souvent manipulé par ce parent et grandit dans un climat de tension. Il n’a pas besoin d’être directement témoin du contrôle coercitif pour subir les conséquences de la violence. Les règles injustifiées et le climat de tension et de peur imposés à la famille affectent son bien-être et son développement.
Par exemple, l’enfant peut être :
- Obligé de suivre lui aussi des règles arbitraires : déplacements contrôlés ; interdiction de voir ses amis, ses cousins et cousines, ses grands-parents ; contrainte de garder le silence ou de ranger la maison au-delà du raisonnable.
- Utilisé pour atteindre sa mère : forcé de la surveiller ou de raconter ce qu’elle fait.
- Obligé de participer aux conversations et poussé à parler contre sa mère.
Des stratégies de violence qui affectent la relation mère-enfant
L’auteur de violence peut chercher à nuire à la relation mère-enfant, même après la séparation :
- Accuser la mère d’avoir « brisé » la famille.
- Critiquer la façon dont la mère élève son enfant.
- Rabaisser la mère devant l’enfant et tenter de le monter contre elle, menant à l’éloignement ou au rejet injustifiés de la mère.
- Menacer la mère de l’empêcher de voir l’enfant.
- Refuser de partager des informations importantes concernant l’enfant.
- Inciter l’enfant à prendre position contre sa mère et à la surveiller.
- Multiplier les démarches légales, notamment concernant la garde de l’enfant, dans le but de nuire à la mère.
- Ne pas respecter les ententes concernant les échanges.
Un (ex-)partenaire peut empêcher la mère de faire ce qu’elle pense être le mieux pour son enfant. La mère peut alors trouver difficile :
- De prendre soin de son enfant, de l’allaiter, de lui acheter des vêtements, de le consoler, de l’aider à faire ses devoirs.
- D’écouter son enfant, d’être patiente et disponible pour son enfant parce que le partenaire prend toute la place, l’empêche de dormir ou de manger.
- De jouer son rôle de mère parce ce qu’elle est rabaissée et critiquée sans arrêt sur la façon dont elle s’occupe de son enfant.
La mère peut protéger l’enfant et c’est à la société qu’il revient de protéger la mère.
Les enfants, victimes directes ou indirectes d'actes criminels
La violence conjugale nuit à la sécurité de nombreux enfants. Elle peut aller jusqu’à la mort de certains d’entre eux. Le filicide (ou infanticide) est le meurtre d’un enfant par un parent, un tuteur légal ou un beau-parent.
De nombreux enfants sont aussi victimes d’autres actes criminels dans un contexte de violence conjugale. Les enfants dont la mère a été victime d’un féminicide (meurtre d’une femme pour la seule raison qu’elle est une femme) vivent des conséquences destructrices.
Voici ces conséquences : deuil de son parent protecteur, déménagement hors de la maison familiale, changement de milieu, problèmes de santé mentale et de santé physique, sentiment de culpabilité, etc. (INSPQ, 2023).
Au Québec, entre 2011 et 2020
56
mineurs ont été victimes d'un homicide (meurtre) commis par un parent ou un beau-parent (Ministère de la Sécurité publique, 2022).
6
filicides ont lieu chaque année, en moyenne.
90%
des filicides ont été commis par des hommes (INSPQ, 2023).
À retenir
- L’enfant n’est pas un simple témoin, il vit du contrôle coercitif et en subit les conséquences.
- L’enfant est souvent manipulé par l’auteur de violence conjugale pour atteindre la mère. Cette manipulation se poursuit ou s’intensifie après la rupture.
- Protéger la mère, c’est protéger l’enfant.
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Références
INSPQ. (2023). Homicides familiaux. Consulter ici.
Ministère de la Sécurité publique. (2022). Portrait des homicides familiaux de 2011 à 2020. Consulter ici.
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